Dans un contexte de bouleversement climatique et d’incertitude vis-à-vis des transformations des milieux naturels. Ce livre invite à penser différemment notre relation au jardin. Aymeric Lazarin, ingénieur écologue, également pépiniériste et paysagiste, propose à la fois une philosophie pour envisager le jardin comme microcosme de biodiversité à accueillir et des conseils pratiques dans un objectif de changement d’attitude vis-à-vis du vivant. Nombreuses citations de philosophes et de paysagistes nourrissent notre réflexion au fil de la lecture.
Réflexions sur la nature
L’auteur commence par affirmer que la nature est une somme de relations : on vit avec la nature, dans la nature et on est la nature. La première chose à entreprendre serait d’apprendre à connaître la nature afin de mieux la préserver. Le jardinage est une pratique qui engage des liens, nous dit-il pour introduire le déroulement de sa pensée. Il engage un renversement de paradigmes au sujet des limites de propriété afin de favoriser les circulations des espèces et leur cohabitation. Plutôt que de créer des limites, l’urgence serait de les rendre perméables suggère-t-il.
Un jardin refuge
Le jardin est aussi le lieu refuge d’une biodiversité végétale et animale qu’il serait bon d’observer et de connaître pour la respecter. Jardiner consisterait alors à ouvrir les portes au vivant, à laisser venir l’inconnu. Le corps humain serait en symbiose avec le jardin et avec la terre. L’expression « jardinage d’invitation » me semble inspirante.
Se libérer des peurs pour favoriser les relations
Le jardin est aussi vecteur de soin pour l’âme et le corps. Plutôt que s’éloigner de la nature sauvage et spontanée, il serait bon de s’y reconnecter afin de nous apaiser. L’auteur nous incite à regarder autrement les espaces en friche, qui intègrent la plus grande biodiversité faunistique et floristique. Selon lui, l’acceptation du temps qui passe nous rendrait plus humbles face à la nature. Il conseille de préserver l’évolution naturelle du jardin : une manière d’accepter le changement qui s’opère en continu. Il propose également une méthode d’entretien par tiers : quel que soit le mode de gestion retenu, ne l’impliquer qu’à un tiers de la zone gérée. L’expérience d’un jardin circulaire est notamment perçue par l’auteur comme modèle. Il serait à privilégier, car ouvert à la flore et à la faune sauvage.
Concevoir différemment un jardin
Aymeric Lazarin se tourne vers les personnes qui ont en tête l’envie d’avoir un jardin et leur propose des méthodes de conception dans une relation juste avec l’environnement où celui-ci prendra place. La création doit passer par une compréhension du milieu afin de ne pas imposer des espèces qui ne seraient pas adaptées. Il conseille de prendre exemple sur des paysages existants dont les caractéristiques au niveau du sol, du climat seraient semblables à ceux du terrain où le jardin sera conçu. Il préconise aussi de favoriser les plantes sauvages spontanées et indigènes pour que l’écosystème du site puisse se reconstruire et se raccorder à l’environnement.
Au-delà du jardin, l’auteur affirme la nécessité de reconnecter les espaces de nature entre eux et de favoriser les trames vertes. Des changements doivent s’opérer afin que le vivant puisse prospérer au jardin. Ce qui d’une certaine manière, responsabilité le jardinier. En jardinant, il prend le temps de se relier à toutes formes de vie. Les mots clefs à garder à l’esprit sont concilier, comprendre, accepter et rencontrer.
Ce petit livre est ainsi porteur d’espoir et ouvre nos esprits à des manières de considérer le jardin comme milieu propice à une diversité faunistique et floristique. Au jardinier de prendre le temps de valoriser l’ensemble du vivant spontané qui participe à l’équilibre dynamique des écosystèmes.