Visitez la Bambouseraie en Cévennes

La bambouseraie en cévennes
La Bambouseraie en Cévennes ©Dimitri Kalioris

La Bambouseraie en Cévennes, dans le Gard, est un jardin de rêve pour tous les amoureux des plantes, des arbres et … des bambous. Nous vous en proposons une visite co-commentée par Lola Scotto Daniello, une jeune guide du jardin, et Valentine Crouzet, la directrice du Jardin.

Cet après-midi de la mi-mai, lorsque nous entrons à la Bambouseraie, le soleil nous fait la grâce de ses rayons lumineux et traverse les bambous ici avec douceur, là en les découpant très nettement. Nous rencontrons Valentine et sa passion pour les lieux faits de souvenirs d’enfance et d’adolescence, et de la joie du retour au bercail.

Le jardin est né en 1856. Il est l’œuvre d’un homme volontaire, Eugène Mazel, aïeul de Valentine. Cet homme, pour des raisons que la famille n’a pas pu reconstituer, décide d’acclimater des espèces exotiques venues de Chine, du Japon, d’Amérique du Nord et de l’Himalaya… La Grande Allée par laquelle on pénètre dans la Bambouseraie est jalonnée de grands séquoias de près de deux siècles. Puis, la famille Nègre acquiert le domaine en les personnes de Gaston, suivi de Maurice et Janine et enfin Muriel, la mère de Valentine.

Lola, une visite vibrante

Au bout de cette allée merveilleusement ombragée où se font déjà entendre le frottement des feuilles des bambous, nous rencontrons Lola. La jeune femme a les yeux pétillants et, dès qu’elle démarre les explications, son auditoire est captivé.

Elle est au milieu des bambous et commence non pas par l’âge du capitaine, mais par celui des “herbes”, car oui, précise-t-elle d’emblée, les bambous ne sont pas des arbres malgré leurs tiges ligneuses, mais des graminées, des herbes géantes.

Les bambous sont des herbes géantes

Lola et Valentine de la bambouseraie
Lola et Valentine dans les bambous

Reconnaitre l’âge du bambou

Lola : “Fiez-vous aux collerettes présentes autour des nœuds. La partie solide du bambou. Lorsque la collerette est blanche, il est encore tout jeune. Au moment où cette collerette ternit et devient noire, le bambou atteint à peu près quatre ans. Selon les variétés cela change un peu. Pour les bambous de construction, cet âge de 4 ans est le moment où ils sont les plus solides. Ici, nous allons croiser environ 1220 variétés de bambous et 2 à 300 variétés d’autres plantes.”

Les différences se voient l’œil nu

Lola : Nous avons plusieurs variétés autour de nous. Elles ont des différences observables.

La première, ce sont les couleurs.

On a des bambous vert foncé, d’autres vert pomme, vert clair, presque jaune. Il y a des jeunes qui, on pourrait le croire, sont en fin de carrière, mais en réalité ils sont bien en vie. Un bambou en fin de vie, va perdre ses feuilles, s’assécher sur toute sa tige et prendre une couleur beaucoup plus brune. Il se fend au milieu sur sa partie la plus flexible. Pendant l’hiver, les jardiniers du parc s’attachent à les couper, à les broyer et à remettre le broyat au sol.

La hauteur est la deuxième.

Lola : Savez-vous qu’il existe des bambous à peine hauts comme un crayon à papier ?

Valentine : Vous pourrez découvrir, dans le jardin japonais, des mini variétés que nous tondons comme de la pelouse. Et comme il en existe de toutes les tailles, vous verrez aussi les plus grandes tiges d’Europe !

Lola : Au départ, ils sont vert clair. C’est ce qui leur permet de faire la photosynthèse les premières années et donc de grandir. Puis ils tendent vers le jaune. La première année ils vont vers le ciel et le rhizome se développe dans le sol, jusqu’à 60 cm de profondeur. C’est ensuite que les racines passent chez le voisin, une fois que le rhizome s’est bien installé. Pour contenir les bambous, il faut donc les enfermer jusqu’à 60 cm de profondeur. Ici, il y a des chemins entre les forêts de bambous qui sont protégés par les passages continus des visiteurs et des véhicules des jardiniers.

Une vitalité formidable

Valentine : La force de cette plante réside dans sa capacité à se perpétuer d’année en année. Ceux que les jardiniers coupent pendant la fermeture de la Bambouseraie se remplacent naturellement. On le voit d’ailleurs un peu partout, il y a des pousses qui apparaissent chaque jour.

Lola : le bébé sort de sous la terre depuis le rhizome. Sa tige pousse en quelques jours. En trois mois, il atteint sa taille adulte, déploie ses branches et ses feuilles sortent. Si vous voyez des feuilles, c’est qu’il a terminé sa croissance. Une tige, selon la variété et l’environnement, vit 5 à 15 ans. Certains bambous peuvent grandir de plus d’un mètre par jour !
La fleur ressemble à un petit épi marron grisâtre sans intérêt esthétique. Et lorsqu’il fleurit, parfois au bout de 10 ans, parfois jamais, l’énergie que ça lui demande le tue. La tige devient grise. Dans ce cas-là, on coupe tout en espérant que les pousses qui vont ressortir ne fleuriront pas.

Valentine : Nous recommandons de planter deux, voire trois, variétés de bambous pour éviter de voir disparaitre toutes les tiges d’un coup en cas de floraison.

Lola : Le bambou a aussi un parasite qui peut le tuer parfois : la cicadelle blanche. Elle grignote la surface de feuille et prive la plante de chlorophylle, et ça, c’est un vrai problème. Ici, les jardiniers luttent naturellement en augmentant la biodiversité du parc et le développement d’insectes auxiliaires qui régulent les ravageurs. Ils ont aussi remarqué que, comme le taureau, la cicadelle aime le rouge. Ils installent donc des petits carrés rouges couverts de colle. Ces pièges n’attirent pas les autres insectes, car ils sont insensibles à cette couleur.

Un paillage de broyat de bambous, pourquoi ?

Le bambou est un excellent aliment pour les plantes ! La silice qu’il contient agit comme un liant, qui contribue à l’assimilation des nutriments. Elle reminéralise également le sol, lui apporte du carbone et de la matière organique.

Structure interne du bambou
Structure interne du bambou ©Dimitri Kalioris
À la Bambouseraie, on lutte contre la cicadelle
À la Bambouseraie, on lutte contre la cicadelle ©Dimitri Kalioris
Rhizomes de bambou
Rhizomes de bambou ©Dimitri Kalioris

La troisième, c’est la forme

Lola : Il y a ceux que tout le monde connaît. Ils sont cylindriques. Mais certaines variétés sont beaucoup plus étonnantes. Elles sont tressées, torsadées, colorées, ont des pieds d’éléphants… c’est un monde ! Et tous les bambous que nous avons ici, même les plus originaux, résistent à des températures de -20, voire -30 °C. Et même lorsque l’été, on franchit la barre des 40 °C, les jardiniers ne courent pas les arroser. Les bambous, ça attend que la pluie tombe. Et d’autant plus facilement qu’ils sont plantés dense et paillés au pied. Les tapis de lierre et de vigne vierge au sol aident beaucoup aussi.

Le village laotien de la bambouseraie
Le village laotien de la bambouseraie ©Dimitri Kalioris

Le bambou trace !

Lola : Nous avons installé une rizière et, autour il faut contenir les bambous les plus traçants, car là, le piétinement des visiteurs ne suffit pas. Donc, les jardiniers ont creusé des tranchées à ciel ouvert de 60 cm de profondeur puisque le rhizome ne descend pas plus bas. Ça leur permet, en période d’automne et hiver, au moment où le rhizome se déploie, de longer ces tranchées et devenir couper les têtes de rhizome qui tentent de traverser. C’est la méthode la plus visuelle, mais elle reste peu esthétique dans un jardin.

Un village de bambou

Lola et Valentine nous entraînent vers le village laotien reconstitué dans le parc. Là, les jardiniers ont construit à la manière de ce pays d’Asie des maisons en bambou, ont tressé les tiges fendues pour en faire des cloisons, des volets, des clôtures… Pour donner vie à ce village, une basse-cour, des petits cochons d’Inde sont installés confortablement dans des enclos. Et puis, des bananiers comme le musa basjoo, une variété japonaise qui résiste à -10 °C, donne d’immenses feuilles de 2 mètres de long mais pas de fruits sous nos latitudes. “Ce n’est pas très grave, dit Lola, car ces fruits ne sont pas comestibles. Mais dans un jardin, il forme un bel abri de fraîcheur.”

Les bambous d ela bambouseraie
bambous ©Dimitri Kalioris

Le contenir

Donc , je vous présente la barrière de contrôle. C’est un film PVC de maïs assez rigide et très résistant. On délimite l’espace qu’on veut donner à son bambou dès le départ. On creuse une tranchée, de 60 cm de profondeur, mais seulement quinze cm de largeur. On place cette barrière à l’intérieur. Mais attention, ne la laissez pas droite. La tête de rhizome va la rencontrer, elle est très pointue, elle va la percer. Placez-la de biais, soit quinze degrés environ vers l’extérieur. Ainsi, la tête de rhizome va glisser dessus, remonter à la surface et c’est vous, toujours en automne et en hiver, qui viendrez couper vers l’extérieur, jamais vers l’intérieur.

Des fabrications à base de bambous

La balade dans le parc se poursuit de variétés en variété. Les tiges noires du bambou Nigra tranchent avec celles du Mikado à la tige jaune marquée de bandes vertes dont la régularité laisse pantois, et du Bicolore. Et puis, dans un espace dégagé, avant la visite dans la canopée, un animateur et un jardinier font la démonstration de la manipulation des tiges pour la construction.

Le jardin japonais

Une perle au bout de la promenade. Sur le ponton, le long de l’eau, une structure en bambou très astucieuse forme une pergola destinée à protéger les visiteurs du cagnard estival. L’espace est plein de poésie. On y trouve toutes les plantes qui font le charme des jardins japonais, les érables, les cornouillers blancs, les cycas, les fatsias… Et puis… les bambous nains en couvre-sol, tondus comme une pelouse !

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