Sauvons les zones humides !

Étang de Coye-la-forêt • zones humides
Étang de Coye-la-Forêt @Isabelle Vauconsant

Des zones humides, pour quoi faire ? Les zones humides disparaissent trop rapidement. Des estimations récentes font état de la disparition de 64% des zones humides sur la planète en 125 ans. En France, 67 % d’entre elles auraient disparu entre 1960 et 1990. Et les causes en sont connues sans pour autant être prises en compte.

Qu’appelle-t-on une zone humide ?

Ce sont des étendues saturées d’eau ou inondées, temporairement ou de façon permanente. Entrent dans cette définition les zones humides intérieures : les aquifères, les cours d’eau, les étangs et les lacs. Cela comprend également les marais, les tourbières, les marécages et les zones d’inondation. Quand la végétation y est présente, elle est dominée par des plantes qui aiment l’humidité, dites plantes hygrophiles, pendant au moins une partie de l’année. Et puis, il y a les zones humides côtières, parmi lesquelles les littoraux, les mangroves, les marais salants, les estuaires, les lagunes et lagons. Et enfin, les herbiers marins et les récifs coralliens.

HORTILLONNAGES • ZONES HUMIDES
Hortillonnages d'Amiens • ©Isabelle Vauconsant

Un aquifère est une formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau et constituée de roches perméables et capable de la restituer naturellement et/ou par exploitation.

Un projet de cartographie des zones humides est lancé.

Quelles fonctions remplissent-elles ?

Des fonctions hydrologiques …

au sens où elles absorbent l’eau comme des éponges, la stockent et la restituent tout en en faisant profiter le milieu. Il ne s’agit toutefois pas de perdre de vue un élément fondamental que Julie Trottier, Directrice de Recherche au CNRS, défend : l’eau n’est pas une ressource qu’il est utile de stocker, mais un flux qui est bénéfique, utilisé puis rendu par le vivant au-dessus et en dessous du sol. Julie Trottier s’oppose aux mégabassines qui confisquent l’eau non seulement aux paysans voisins, mais à la totalité des écosystèmes qui devraient s’en abreuver sur son parcours. Cela inclut les organismes qui vivent dans les sols et l’utilisent sans la consommer, de même pour les végétaux qui la rendent par évapotranspiration. Ainsi, elle insiste sur l’idée d’une trajectoire de l’eau qui vient à l’encontre de la notion de stock.

Des fonctions  physiques

Les zones humides jouent un rôle de filtre naturel des bassins versants. Lorsque la pluie tombe sur les versants, elle se charge de matières minérales et organiques qui redescendent avec elle, et retournent dans les nappes phréatiques. Tous ces éléments peuvent ensuite être transformés par les végétaux et les micro-organismes qui s’en servent pour leur développement (nitrates, phosphates). Ça marche aussi avec les pesticides et c’est bien pour cela qu’il faut cesser de les utiliser si nous voulons bénéficier d’une eau de qualité et sans coûts de traitements prohibitifs.

Les zones humides jouent un rôle important pour le cycle de l’eau

L’eau présente sur la Terre est en circulation constante. Elle opère un circuit fermé qui est le même depuis des milliards d’années. L’eau des mers et des lacs s’évapore dans l’atmosphère grâce aux rayons du soleil qui réchauffe la surface de la terre (évapotranspiration). Elle forme ensuite des nuages qui vont se déplacer sous l’impulsion des vents. Par effet de gravité, les gouttelettes, qui constituent les nuages, s’alourdissent et tombent sur le sol sous forme de précipitations (pluie, grêle, neige).

79 % des précipitations s’abattent sur les océans, les 21 % restants arrosent la terre. Elles remplissent les nappes phréatiques, soit par infiltration, soit par ruissellement. Ces eaux pluviales permettent de recharger les nappes phréatiques souterraines qui vont alimenter les cours d’eau, lesquels se jetteront à leur tour dans la mer. Le cycle peut ainsi recommencer à l’infini. (Explication du centre d’information sur l’eau)

ABBAYE-DE-MORTEMER
ABBAYE-DE-MORTEMER • ©Isabelle Vauconsant

À proximité des zones urbaines aux sols fortement artificialisés, elles contribuent à lutter contre les canicules. Et une étude datant de la fin des années 90 montre qu’elle absorbe une partie du bruit des villes.

Des fonctions biologiques

Les zones humides favorisent une biodiversité spécifique à ces milieux saturés d’eau. Elles ne couvrent que 6,4 % de la surface des continents, pourtant elles hébergent 12 à 15 % du nombre d’espèces animales de la planète, dont (hors océans), 35 à 40 % des vertébrés, 40 % des poissons, 100 % des amphibiens et 25 % des mollusques.

LA VALLÉE AUX LOUPS • ZONES HUMIDES
LA VALLÉE AUX LOUPS • ©Isabelle Vauconsant

Quelles sont les principales causes de la disparition des zones humides?

L’agriculture intensive et l’augmentation de la quantité de bétail qui demande de plus en plus d’espace de pâturage. Donc, toujours cette même cause : vouloir manger de tout, toute l’année, et surtout beaucoup trop de viande.

Le détournement de l’eau via les barrages, les digues , les canaux et canalisations.

L’artificialisation des sols et le développement d’infrastructures en zones urbaines, mais aussi sur les côtes et les vallées fluviales, qui sont surpeuplées.

Pourquoi faut-il absolument défendre les zones humides ?

Le plus souvent, elles sont déconsidérées : on les estime abandonnées si l’humain ne les exploite pas. On les qualifie de foyers de maladies souvent à cause des moustiques qui y prolifèrent.

Toutefois, elles sont absolument vitales pour l’humanité et pour l’ensemble du vivant. Elles sont la source de l’eau douce sans laquelle notre vie est menacée.

Les rizières qu’elles accueillent nourrissent le monde à hauteur de 20 %.

Les zones humides agissent comme des éponges naturelles. Elles absorbent les précipitations et atténuent l’impact des crues. Or, nous avons désormais fait l’expérience un peu partout dans le monde de crues dévastatrices.

Par définition, elles constituent un rempart contre la sécheresse.

Les mangroves, situées dans les zones côtières et les récifs coralliens, réduisent la puissance des ondes de tempête, des ouragans et des tsunamis.

Nourricières

Pour la biodiversité, elles sont fondamentales. Elles accueillent plus de 100 000 espèces connues et d’autres, inconnues. Elles nourrissent et logent un grand nombre d’amphibiens, et d’oiseaux bûcheurs et migrateurs.

Muids • Zones humides et espèces
Muids • ©Isabelle Vauconsant

L’élevage intensif, un frein à la sauvegarde des zones humides

« L’élevage bovin représente une composante significative de l’agriculture française. En 2020, on dénombre 91 123 exploitations spécialisées en élevage de bovins (lait, viande et mixte) qui occupent 32,7 % de la surface agricole utile.

À raison de 4,3 Md€ d’aides publiques par an, hors aides fiscales et sociales, l’élevage bovin demeure, de loin, l’activité agricole la plus subventionnée en France. Pour autant, le modèle économique des exploitations d’élevage apparaît fragile et sa viabilité reste dépendante du niveau élevé d’aides publiques.

Bilan carbone

Cependant, le bilan de l’élevage bovin pour le climat est défavorable. Malgré certains effets de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), comme par exemple le stockage de carbone dans le sol des prairies permanentes, globalement les émissions de GES restent toujours très importantes, principalement en raison du méthane produit lors de la digestion des animaux. L’élevage bovin est ainsi responsable en France de 11,8 % des émissions d’équivalents CO2, comparables à celles des bâtiments résidentiels du pays. » Cour des comptes 2023

Et ça fait bosser !

Enfin, on considère que plus de 660 millions de personnes dépendent de la pêche et de l’aquaculture. Sans compter, le bois de construction, les huiles végétales, les plantes médicinales et autres matières premières qu’elles fournissent aux tisseurs, vanniers, comme le fourrage qu’elles offrent aux animaux !

Le jonc (Juncus acutus) qui signifie le lien (du latin jungere, joindre), est répertorié dans les zones humides d’eau douce.

Quelques chiffres

Moins de 20 % des zones humides sont protégées dans le monde. Plus de 25 % des espèces des zones humides sont en danger d’extinction. 7 % des habitats humides sont considérés comme ayant un état de conservation favorable, tandis que 51 % des habitats humides sont considérés comme ayant un état de conservation défavorable à mauvais (ONB).

Les zones humides disparaissent trois fois plus vite que les forêts. Au cours du siècle dernier, plus de 50 % des zones humides en Europe et dans le monde ont disparu (CEE, 1995). En France on a aussi la disparition de 50 % de la surface des ZH entre 1960 et 1990, avec un ralentissement de la tendance de régression entre 1990 et 2010 (ONB).

Amfreville-sous-les-Monts • zone humide
Amfreville-sous-les-Monts • ©Isabelle Vauconsant

Quelques livres

EAUX • Florence Thinard, Caroline Carissoni et Jean-Baptiste de Panafieu
EAUX - Tous les savoirs, toutes les histoires, tous les pouvoirs, tous les espoirs • Florence Thinard, Caroline Carissoni et Jean--Baptiste de Panafieu • 288 pages – 39 € co-éd. Terre vivante & Plume de carotte

Un pur bonheur !

C’est un livre qu’on ouvre et qu’on ouvre encore pour picorer ici et là des informations dans tous les domaines de l’eau.

L’eau…

dans toutes ses dimensions encyclopédiques et sensibles, et au sein d’une actualité vitale !

biologie • physique • énergie • géographie • histoire • écologie • économie • société • politique • voyage • anthropologie • religions • art • littérature • imaginaire • beauté…

Du Nil des pharaons au canal de Suez, en passant par l’Amazone, le Congo ou la mer d’Aral, rencontrez l’eau, celles et ceux qui la parcourent, la soignent, l’animent et l’aiment. Vous en sortirez imprégnés de connaissances, mais aussi de l’importance cruciale du sujet.

Fake or not – L’eau

De Charlène Descollonges, ingénieure hydrologue

Notre bien commun le plus précieux vient à manquer parce que nous en abusons, parce que nous le polluons, parce que nous ne le respectons pas. Pourtant, le Vivant n’a pas d’avenir sans eau ! Charlène Descollonges pose tous les éléments qui conduisent à cette crise de l’eau qui a déjà démarré. Cet ouvrage très documentaire scrute nos modes de consommation. Il nous offre une boîte à outils critique, pour mieux penser et réagir face au débat. Il se réfère à une multiplicité d’approches, toutes scientifiques, avec des chiffres, tous vérifiés.

L'eau • Charlène Descollonges • Tana éditions
L'eau • Charlène Descollonges • Tana éditions • 122 pages • 13,90€
la terre et nous
La terre et nous Regards et perspectives d’un écologue Roland Albignac Terre Vivante éditions 312 p. – 39,00 € "La Terre et nous" a reçu le Prix Emile Gallé

Quelles perspectives pour l’humanité dans le Vivant ?

La question tourne. Des réponses en 312 pages, en commençant par le fonctionnement de la vie sur terre, de la naissance de notre planète à la prise de conscience de sa destruction par l’humanité. Le cadre est posé.

Ce beau livre, richement illustré, propose les regards et perspectives d’un écologue, Roland Albignac. Il se propose de nous emmener là où nous n’allons jamais, dans la taïga, les forêts boréales, sur les glaciers, dans les savanes ou les forêts tropicales. L’auteur interroge nos consommations, nos extractions, notre alimentation, notre agriculture et nos déchets. Il nous interpelle dans notre relation à la nature, au sol, aux autres vivants, dans nos choix énergétiques.

Enfin, il questionne les techniques dites écologiques, et leurs impacts sur les plantes, l’eau, le Vivant. Vous serez mieux informés après l’avoir lu !

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