Stéphane Marie, lauréat du Prix Saint-Fiacre 2023

2023 Prix Saint-Fiacre : les lauréats

L’Association des Journalistes du Jardin et de l’Horticulture (AJJH) a décerné son Prix Saint-Fiacre 2023 à Stéphane Marie, Dany Sautot et Pascaline Noack pour La Maubrairie, jardins du bocage. Le Prix Saint-Fiacre Jeunesse a été remis à François Soutif et Vanessa Simon Catelin pour “L”expédition rocambolesque du professeur Schmetterling”. Découvrez ci-dessous les ouvrages finalistes retenus par le jury présidé par Christian Ledeux (rédacteur en chef de l’Ami des Jardins) et un Prix coup de cœur pour un très beau livre. 

Prix Saint-Fiacre 2023

La Maubrairie, jardins du bocage

Stéphane Marie et Dany Sautot, photographies Pascaline Noack, Tana Éditions, 208 pages, 32 €. 

Stéphane Marie a déjà écrit de nombreux ouvrages, mais c’est sans doute dans ce dernier livre qu’il se livre le plus. En effet, s’il nous présente ses jardins de la Maubrairie, son propos est d’exprimer combien ces créations sont ancrées à la fois dans la tradition familiale et surtout dans le paysage normand qui l’a vu naître : le bocage.

Pendant deux ans, avec ses fidèles complices, Dany et Pascaline, l’autrice des superbes images, il a arpenté en toutes saisons les jardins, initiés depuis 30 ans et le paysage environnant dans lequel ils sont si bien intégrés.

Enfant, Stéphane parcourait chaque semaine ce bocage typique pour retrouver sa grand-mère et y avait découvert au fil des saisons, les plantes locales, dont certaines, trouveront place dans ses jardins, en haie (aubépines, hêtres) ou en sous-bois (primevères, jonquilles).

La-Maubrairie-Jardins-du-bocage
Pascaline Noack, photographe, a reçu le prix Saint-Fiacre. Stéphane Marie était dans son jardin abimé par la tempête Ciaran ©S. Gerbault
Pascaline Noack, photographe, a reçu le prix Saint-Fiacre. Stéphane Marie était dans son jardin abimé par la tempête Ciaran ©S. Gerbault

La découverte commence par le Jardin du matin, le premier réalisé, et qui, en léger surplomb de la maison, évoque une scène de théâtre, univers dans lequel Stéphane a commencé sa vie professionnelle ! Cette scène assez close a peu à peu abrité toute une collection végétale, intéressante toute l’année. Deuxième étape, le Jardin du midi, largement ouvert sur le paysage et marqué par une pièce d’eau au très sobre dessin, un jardin de gravier près de la maison et toute une série d’arbustes le long des deux allées qui conduisent au Jardin du soir. Au début, on ne pouvait y accéder que par une chasse (chemin creux) descendant de la maison, ce qui lui conférait un attrait complémentaire. Ce jardin s’achève par une vaste perspective ouverte vers l’horizon. Et, un peu plus bas encore, vraiment niché dans le bocage, le nouveau potager…

En attendant de visiter la Maubrairie, feuilletez ces pages et découvrez l’esprit qui anime le lieu, en perpétuelle évolution.

Christian Ledeux

 

expedition rocambolesque du professeur schmetterink
Vanessa Simon-Catelin et Christian Ledeux ©S. Gerbault
Vanessa Simon-Catelin et Christian Ledeux ©S. Gerbault

Prix Saint-Fiacre Jeunesse

L’expédition rocambolesque du professeur Schmetterling

François Soutif et Vanessa Simon Catelin, Éditions Kaléidoscope, 40 pages, 14 €. 

Il a tout pour plaire ce professeur ! Un mélange de Tryphon Tournesol, Don Quichotte, Jean-Loup Étienne, Francis Hallé qui part à la recherche du Levana mysteriosa, un papillon qu’on n’a plus vu depuis pfffffff… longtemps, très longtemps. Alors le professeur Schmetterling se met en route avec son oiseau parleur rigolo qui ne le quitte plus depuis son expédition aux îles Blabla. Tous deux vont parcourir les forêts tropicales, les pôles (les îles Glagla sans doute ?), les entrailles de la Terre, la savane… Mais de Levana mysteriosa, point ! Le professeur qui a traîné ses rangers dans le monde entier est dé-ses-pé-ré… jusqu’au moment où son oiseau pépie un « papi, papipi, papillon »

Isabelle Morand

 

Prix Coup de cœur

Encyclopédie des plantes libres. Toutes les familles des plantes à fleurs, sauvages d’Europe

Pierre et Delia Vignes, Nicole Marchal, Annie Aboucaya, Édition Ulmer, 928 pages, 79 €.

Par son contenu scientifique et artistique, cet ouvrage hors norme, « ni guide pour herboriser ni bible ethnobotanique » selon ses auteurs, mériterait de figurer au Guinness World Records. Ce sont un millier de planches photo, en couleur, qui magnifient la beauté, la grâce, la gestuelle et la poésie de belles sauvageonnes, glanées patiemment pendant plus de 20 ans !

Le livre représente un véritable défi scientifique, technique et artistique, pour les quatre universitaires botanistes, passionnés et persévérants, qui ont exploré la région Paca et notamment le Var. Une région, dont les caractéristiques climatiques et géographiques, ont favorisé l’émergence de la plupart des plantes européennes, indigènes ou naturalisées….

Encyclopedie-des-plantes-libres-Toutes-les-familles-de-plantes-a-fleurs-sauvages-d-Europe-2
Encyclopedie-des-plantes-libres-Toutes-les-familles-de-plantes-a-fleurs-sauvages-d-Europe

Des techniques numériques de très hautes définitions et des agrandissements appropriés des plantes fraîchement cueillies ont ainsi donné naissance à cet herbier original et unique, commenté et référencé… Certaines espèces sont reconnaissables, mais beaucoup d’autres comme la pulmonaire saupoudrée, la patthiole à trois pointes, le glaïeul douteux, le bois puant, la lentille d’eau bossue, la potentille hirsute méritent qu’on s’y arrête !

Jocelyne Devedjian

Emmanuelle Christophe, directrice des éditions Ulmer, Pascaline Noack, photographe du livre de Stéphane Marie et Vanessa Simon Catelin, auteure du Prix Saint-Fiacre Jeunesse ©S. Gerbault
Emmanuelle Christophe, directrice des éditions Ulmer, Pascaline Noack, photographe du livre de Stéphane Marie et Vanessa Simon Catelin, auteure du Prix Saint-Fiacre Jeunesse ©S. Gerbault

Les autres ouvrages finalistes

Un cercle immense, Gilles Clément, Vincent Mayot et Leïla Toussaint à la Saline royale

Charlotte Fauve et Guillaume Picon, Éditions du patrimoine-Monum, 152 pages, 28 €.

Cet ouvrage, tiré sur un beau papier, abondamment illustré et animé de calques de couleurs, raconte de façon synthétique et précise l’histoire de la saline, du projet de « cité idéale de Chaux » imaginé par l’architecte Claude Nicolas Ledoux, à la réalisation du cercle immense par Gilles Clément, Vincent Mayot et Leïla Toussaint, leurs équipes et celles des jardiniers de la saline.
C’est une invitation à faire le voyage pour découvrir ce site hors norme par ses dimensions et son esthétisme. 

Un-Cercle-immense-Gilles-Clement-Vincent-Mayot-et-Leila-Touaint-a-la-Saline-royale

Guillaume Picon propose un récit des 250 ans de péripéties, parfois dramatiques, de la Manufacture de chaux. Rêvée et érigée par un idéaliste des Lumières, elle n’a jamais eu la «rentabilité escomptée». Entrée en disgrâce, elle a même été utilisée à des fins effroyables… Sa renaissance dans les années 1960 et son classement à l’Unesco en 1982 lui ouvrent de nouveaux horizons avec la création du Festival des jardins, dans la partie prévue à l’origine pour des jardins nourriciers destinés aux ouvriers.

Charlotte Fauve poursuit le récit au présent de la réalisation du cercle immense à travers un riche entretien avec Gilles Clément. Le nouveau demi-cercle relève le défi exprimé par Claude-Nicolas Ledoux :« Osez et vous réussirez. Osez ; l’exemple que vous donnerez fera éclore de nouveaux préceptes qui épureront les anciens.»

Marie-Aline Prévost

jardin de curé

Le jardin de curé – Réjouir le corps et l’esprit

Xavier Mathias, photographe Pascal Avenet, Terre Vivante, 175 pages, 26 €.

Dans cet ouvrage délicatement illustré, Xavier Mathias nous transmet tout son savoir de l’histoire  et des origines jusqu’à la conception des jardins de curé. Il nous initie à la symbolique de ce type de jardin, source d’inspiration et de méditation. Avec sa sensibilité, il nous rappelle l’importance du choix et de la connaissance des végétaux en nous faisant découvrir des noms de plantes très inspirants comme le bonnet-d’évêque, le chardon-Marie, le lys de la Madone ou la monnaie-du-pape.

En annexe figurent les endroits où trouver des graines et des plants, un index des plantes ainsi qu’une bibliographie spécifique. Après la lecture de cet ouvrage, vous n’aurez plus qu’une envie : réaliser vous-même un jardin de curé ! Nourrir, soigner, réjouir le corps et l’esprit, que de promesses !

Dans le magnifique village de Chédigny, le jardin de curé (labellisé jardin remarquable en 2013) est une référence au niveau du fleurissement. Il a été conçu avec la participation de spécialistes dans le domaine du jardin, dont Philippe Ferret et Denis Retournard pour le palissage des arbres fruitiers. Une équipe de bénévoles de l’association Vignes et jardin de curé de Chédigny entretient la vigne, organise des conférences et des promenades guidées.

Françoise Simon

Jujube, pistachier et Cie

Jean-Yves Maisonneuve, Larousse, 143 pages, 16,95 €.

Pour qui aime grappiller en faisant le tour du jardin, ce guide pratique promet de lui en faire voir de toutes les saveurs, et toute l’année. L’auteur – qui n’en est pas à son coup d’essai en matière d’ouvrages sur les fruitiers – s’intéresse cette fois aux fruits peu conventionnels. Il passe en revue cinquante arbres ou arbustes qui, par la diversité et l’originalité de leur fructification, peuvent transformer un jardin en verger d’Éden.

jujube, pistachier et cie

Sur une double page accordée à chacun, figurent un descriptif, ses différentes espèces et la transformation possible de la récolte des fruits mûrs en gelées et confitures, herboristerie ou tisanes. Organisé par familles, le livre qui s’adresse aux débutants comme aux jardiniers confirmés présente des fruitiers beaux par leur feuillage ou leur floraison et bons, bien sûr ! Méconnus comme l’hovénie sucrée, sauvageons comme l’amélanche ou oubliés comme la cornouille, ils ont droit au chapitre. Plus surprenant, voici le fuchsia aux baies comestibles et l’arbre aux faisans dont les baies ont le goût du caramel. L’arbousier et son faux-ami, l’argousier, font aussi partie de la sélection, tout comme ces nouvelles créations que sont la mûroise et la caseille. Une flopée de beaux fruits venus d’ailleurs tels que le nashi, l’akébie, le feijoa et le kaki américain offrent, eux aussi, la perspective de transformer le jardin en vraie corne d’abondance.

Marie-Christine Morosi

Le Jardin des utopies, l’art de cultiver son univers

Adrien Lanier, Éditions Tana, 288 pages, 27 €. 

Cet ouvrage pourrait tout aussi bien s’intituler « Le jardin irréalisable » ! Pourtant, Adrien, ancien citadin et artiste dans l’âme, a été sculpteur, constructeur de décors pour des maisons de luxe, le cinéma et le théâtre. Puis il a été illustrateur avant de devenir jardinier. Il réalise son rêve en s’installant au cœur d’une forêt en Bretagne. 

Pour commencer, il raconte son premier jardin en région parisienne, transformé en ‘’ jardungle’’, puis nous entraîne dans son nouvel espace, à la découverte des méthodes qu’il a déployées pour créer son paradis. Il organise le jardin en surmontant les incompréhensions, en hiérarchisant les objectifs selon leur importance, en planifiant les envies, en provisionnant un budget et en anticipant les achats.

Le-jardin-des-Utopies
Le-jardin-des-Utopies-2

Avec une pointe de poésie, il fait le récit de toutes ses interventions, un peu comme dans un roman, avec des chapitres bien distincts, agrémentés de dessins, photos, conseils, astuces et anecdotes. Ainsi, chaque sujet se réfère à un art, par exemple : « les haies vivantes en osier… ou l’art de tricoter le végétal » !  Ou bien un autre que j’aime beaucoup : « le bonheur d’une poule… ou l’art de chouchouter son emplumée » pour la construction du poulailler. À vous de découvrir ce traité divertissant et instructif pour concevoir votre propre jardin utopique.

Christiane Rivallin

Des arbres pour le futur – Mémento du planteur pour 2050 

Yves Darricau, Éditions du Rouergue, 288 pages, 35 €.

Quels arbres planter ? Telle est la question lancinante en cette période de changement climatique où il faut prendre des décisions pour l’avenir. Yves Darricau nous apporte des solutions dans son ouvrage. Après une histoire des arbres « de la dernière glaciation aux débuts du compagnonnage avec l’homme, en passant par les figures des grands botanistes aventuriers », l’auteur présente les arbres à planter selon leur usage : aux champs, dans les vergers, en ville, en forêt…

arbres pour le futur

S’il insiste sur l’urgence de planter des arbres, il met en avant une palette de plus de cinquante espèces « adaptées au temps qui vient ». Pas seulement de nouvelles espèces, mais aussi certaines communes parfois un peu oubliées. « Un arbre peut être beau et utile », nous rappelle-t-il tout en nous faisant part de son coup de cœur pour le chêne-liège

Un ouvrage, assorti de nombreuses photos, que devrait posséder notamment tout responsable d’espaces verts. L’auteur apporte un aspect historique, pratique mais aussi esthétique aidant au choix des arbres à planter pour le futur.

Jean-François Coffin

Jardins-ouvriers-jardins-de-demain
jardins ouvriers jardins de demain-Edit

Jardins ouvriers, jardins de demain

Raphaèle Bernard-Bacot, Éditions Cours Toujours, 80 pages, 20 €.

Ce livre est une balade dessinée au cœur de quelques jardins familiaux de France, version actuelle des jardins ouvriers, initiés il y a 130 ans par des femmes et des hommes comme Félicie Hervieu, le docteur Lancry ou l’abbé Lemire. À l’aide de photos d’époque et de dessins croqués sur le terrain, Raphaèle Bernard-Bacot nous emmène au travers de ces jardins, source de nourriture tout au long de l’année pour des familles ouvrières, mais aussi lien de sociabilité, car les travaux s’y font souvent en commun. Ce sont aussi des endroits où les cultures de différents pays se rencontrent et échangent, chacune apportant avec elle les légumes de son pays. De quoi ouvrir les esprits et initier la tolérance.

Si le livre est plaisant dans son écriture et dans son illustration, dommage qu’il s’arrête aux années 1930-1940, oubliant que le monde évolue, y compris celui du jardin. Magnifier les légumes oubliés et bannir les semences F1 reste quelque peu manichéen. Au cours des quatre-vingts dernières années, des progrès ont été faits, avec des retours en arrière nécessaires parfois. Le livre d’Arthur Choquet, Le Jardin du mineur, paru en 1910, contient, certes, des conseils judicieux, mais il ne peut rester la référence absolue. Au-delà de son charme, ce livre révèle une vision un peu trop citadine…

Patrick Glémas

Francis Hallé, les vies heureuses du botaniste, 

Laure Dominique Agniel, Actes Sud, 200 pages, 20,50 €.

« Pour avoir de la chance, il faut être extrêmement curieux ». Pour Francis Hallé, la soif inaltérable de comprendre les arbres prime sur toute autre considération. Quand ses collègues en poste en Côte d’Ivoire comptent leurs économies pour s’acheter une télévision couleur à leur retour en France, Francis Hallé et son épouse Odile préfèrent l’inconfort et la précarité. Ils choisissent de vivre un an dans une cabane qu’ils partagent avec leurs quatre enfants, sur la rive zaïroise du fleuve Congo, en 1970. Ainsi s’affirme la passion d’une vie pour la forêt tropicale, avec, à la clé, la découverte d’un nouveau champ de recherche : l’architecture des plantes, aujourd’hui encore en plein essor à la faveur de la modélisation informatique. Francis Hallé, lui, préférera toujours le dessin à la main.

Francis-Halle-Les-vies-heureuses-du-botaniste

Douze ans plus tard, un nouveau déclic se produit dans la boue guyanaise, quand un étudiant lui fait remarquer : « Mais c’est beaucoup mieux là-haut ». Le botaniste compose alors un trio avec deux techniciens rêveurs de haut vol, pour remplir une nouvelle page blanche : avec le pilote de montgolfière Dany Clayet-Marrel et l’architecte spécialisé dans les structures gonflables Gilles Ebersolt, il parvient à poser le « radeau des cimes » sur les canopées tropicales. Une nouvelle découverte majeure en résulte : la cohabitation de plusieurs génomes dans un seul individu donne aux arbres une arme incomparable pour l’adaptation au changement climatique.

À mi-chemin de sa neuvième décennie, Francis Hallé commence tout juste une troisième aventure : la bataille pour la création d’une forêt primaire, aux confins de la France, de la Belgique, du Luxembourg et de l’Allemagne, là où est née l’Union européenne. Son combat planétaire justifie la résurgence de la formule de Gramsci, pour définir Francis Hallé comme un « optimiste de la volonté ».

Laurent Miguet

les fruits du myrobolan

Les fruits du myrobolan

Marco Martella, Actes Sud, 192 pages, 20 €.

L’auteur, jardinier-écrivain et poète, nous entraîne vers les saveurs de la nature et de la vie dès la première bouchée d’une drupe de myrobolan. À l’origine de cette atmosphère étrange et parfois mystérieuse, les jolies boules rouges ou jaunes du prunier myrobolan au goût d’antan deviennent l’allié gustatif familier et réconfortant de nos papilles en parfaite harmonie avec les terres, les lieux et les habitants de « La Brie ». Curieusement âcre au départ, la saveur du fruit s’adoucit et laisse libre cours au temps de savoir apprécier certains phénomènes inattendus et étranges.

Cette rencontre avec le fruit du myrobolan est douée de sagesse comme toutes les relations humaines évoquées par l’auteur dans cette aventure livresque. Le myrobolan rayonne de toutes ses forces dans ce paysage a priori sans réelle beauté, où cependant se cachent silences et belles histoires dévoilés par Marco Martella, en résonnance avec les mots du paysan d’autrefois « Prendre la vie avec patience en ne sachant de quoi sera fait le lendemain » 

Marie-Claude Eyraud

Le Livre de la rose

Alain Baraton, Éditions Grasset, 250 pages, 20 €.

Ce n’est pas un roman à l’eau de rose, mais la vraie histoire de la rose. Depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, Alain Baraton, le jardinier en chef de Versailles, nous raconte l’histoire de cette fleur « la plus offerte au monde ». Et la rose a parcouru les siècles dans tous les domaines. Avant tout, elle est une histoire de botanique, mais aussi de grandes familles de rosiéristes à qui elle doit beaucoup, comme la création de la fameuse rose ‘Queen Elisabeth’.

 

le livre de la rose

De multiples ouvrages l’ont abordée, que ce soit au niveau scientifique, pratique, artistique ou poétique. Elle a donné naissance à de nombreuses légendes. La peinture l’a brillamment illustrée, la musique l’a chantée, le cinéma l’a filmée sous toutes ses facettes.

Un ouvrage rempli d’anecdotes et de citations, très documenté, plaisant à lire, à cueillir au plus tôt. Alain Baraton nous enlève une épine du pied dans notre connaissance, souvent limitée, de cette « reine des fleurs ».

Jean-François Coffin

 

Herbes folles 

Marie Dorléans, Seuil Jeunesse, 48 pages, 15,90 €.

La famille Piquenpointe coule des jours heureux au sein de son jardin classique parfaitement maîtrisé : plante-bandes, topiaires, parterres engazonnés, rien ne dépasse, pas une feuille ni un brin d’herbe pour venir rompre l’ordre établi… Jusqu’au jour où Florimond le jardinier, véritable Sisyphe définitivement lassé de rouler son rocher, remet sa démission. 

 

herbes-folles-format-relie-2200517492_L_NOPAD

La nature ainsi libérée va se développer avec fougue et exubérance, plongeant tout d’abord la famille dans un profond désarroi, avant de l’inviter à accepter de vivre pleinement le temps présent et à savourer l’imprévu.

Cet album destiné au 3-6 ans est une formidable initiation à l’histoire des jardins qui, subtilement, propose au lecteur de parcourir les siècles et les usages pour soulever les enjeux écologiques des jardins contemporains. Au-delà de la notion d’ensauvagement, Marie Dorléans, auteure et illustratrice de cet ouvrage, utilise le motif du jardin pour questionner un monde qui a été contraint de ranger la fantaisie et la pétulance de l’enfance pour accéder à la rationalité de l’âge adulte. La mise en image parfaitement exécutée, par l’utilisation d’une structure dessinée au trait contrastant avec le foisonnement des couleurs du vivant, accompagne la narration et vient souligner le décalage entre l’ultra-contrôle et la liberté enfin retrouvée.

Paule Capmas

la fille qui a décoché la fleche

La fille qui a décoché la flèche 

Anne Terral et Sande Thommen, Actes Sud Jeunesse, 40 pages, 16,50 €.

Voici un livre que j’aurais aimé lire lorsque j’étais petite… ou plus précisément que j’aurais absolument dû lire lorsque j’étais petite !

Une fillette, sans nom et sans visage… une fillette comme une autre en somme, joue avec un arc, elle décoche une flèche qui file au-delà de son champ de vision, au-delà même de l’enceinte rassurante de son jardin. Elle décide de partir à sa recherche en bravant la petite voix intérieure qui l’intime de s’arrêter, poussée par la curiosité et l’inquiétude d’avoir pu blesser un être vivant… 

 

Ce parcours initiatique, pendant féministe et intimiste de Pierre et le loup, est une véritable incitation au courage et à la détermination, un éloge du risque, nécessaire au dépassement de sa condition et à son épanouissement. Au fil du texte poétique d’Anne Terral, la quête de la fillette nous guide au cœur d’une nature riche, éclectique et chatoyante, parfois inquiétante, mais toujours magnifiquement illustrée par Sande Thommen. Il émane de cet album un profond vent de liberté et de libération des clichés genrés, ci loin des récits moralisateurs qui ont pu ponctuer notre enfance… Monsieur Seguin et autres princesses attentistes, passez votre chemin !

Paule Capmas

De fleurs en fleurs

Anne Crausaz, collection Les Albums, Éditions MeMo, 40 pages, 22 €.

Dans ce livre aux magnifiques dessins, aux textes courts et explicites, Anne Crausaz dévoile les ingénieux subterfuges de quinze plantes pour assurer leur pérennité.

Entrons dans ce monde végétal, où chaque plante représentée nous ” parle ” de ses propres astuces pour attirer les pollinisateurs qui vont perpétuer son espèce. 

fleurs-format-relie-2489873189_L_NOPAD

Ainsi, l’hydrangéa : ” Voici une abeille, le dos couvert de pollen, qui se pose sur mes fleurs périphériques. Va-t-elle trouver le chemin vers les fleurs centrales ? Ouf !  La voilà  qui découvre mon nectar tout en éparpillant son pollen et en récoltant le mien “.

La carotte sauvage : ” Je dupe les insectes qui croient voir en mon centre des coléoptères, mais ce ne sont que quelques fleurs plus foncées. Tromperie, oui, mais à moitié, car les insectes peuvent se délecter de mon nectar sans se douter qu’ils se couvrent de pollen à redistribuer “.

Le coquelicot : ” Pas de temps à perdre, je ne vis qu’une matinée, il me faut un insecte ! Une abeille se dirige vers mon cœur, son corps couvert de pollen frôle mon pistil. Mission réussie ! “

Christiane Rivallin

Insectorama 

Lisa Voisard, Éditions Helvetiq, 224 pages, 24,90 €.

Avez-vous remarqué comme les insectes peuvent susciter chez les jeunes des réactions opposées ? Les plus téméraires n’hésitent pas à se livrer à des expériences cruelles sur la mouche juste attirée par un peu de miel. Les autres s’enfuient avec épouvante à la moindre guêpe intéressée par leur goûter. Le livre de Lisa Voisard devrait leur faire retrouver un peu de mesure. Au fil des pages, cette illustratrice de talent présente plus de 80 insectes européens avec des dessins ludiques et précis à la fois, mais pas seulement… Elle raconte les diverses phases de leur existence, leurs rôles sur terre, les services qu’ils peuvent rendre… Elle aide même les plus jaunes à reconnaître chacun mettant en évidence nombre détails anatomiques. Gageons qu’après la lecture de ce livre vos enfants et vous-même ne regarderez plus ces industrieux compagnons de route de la même façon. À partir de 8 ans.

Rosenn Le Page

insectorama-decouvre-et-observe-le-monde-fascinant-des-insectes-format-broche-2375537113_L_NOPAD

Inscrivez-vous
pour recevoir [Brin d'info]

dans votre boîte de réception,
chaque semaine.

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

233 Shares
Share via
Copy link