C’est un jardin urbain de 400 m2, tout en longueur. À Esneux, en Belgique, dans son Jardin des miroirs, Françoise Dardenne s’emploie depuis une vingtaine d’années à accueillir plantes sauvages et petits auxiliaires de jardin.
Hortus Focus. D’où vous vient votre intérêt pour le jardin en général et pour la protection de la biodiversité en particulier ?
Françoise Dardenne : Enfant, j’étais souvent avec mon grand-père qui cultivait son potager. Il m’a beaucoup appris. Maman était institutrice dans un tout petit village, j’étais son élève et nous allions nous promener avec la classe dans un bois tout proche pour apprendre à reconnaître les plantes. Et puis, en Humanités, j’ai eu la chance d’avoir une professeur de sciences particulièrement captivante. Elle m’a donné envie d’apprendre la botanique.
Vous jardinez donc depuis de nombreuses années ?
Oui et non ! Nous avons acheté cette maison voilà une trentaine d’années, et y avons élevé nos 3 garçons. Dans leur enfance, c’était bien sûr ambiance balançoire et bac à sable. Puis, on est passé au terrain de foot avec parterres fleuris sur les bords. Mes fils ont grandi, le terrain de foot n’avait plus lieu d’être et j’ai commencé doucement à imaginer de nouveaux parterres, tester de nouvelles plantes, mettre en place des mares et le petit bassin de natation.
Votre priorité ici, c’est de favoriser la biodiversité ?
Oui, Philippe, mon mari, et moi faisons tout pour promouvoir la vie sauvage. Le jardin est labellisé Réseau Nature. Les membres de ce réseau affilié à Natagora, association belge de protection de la nature, s’engagent à respecter une charte : pas d’utilisation de substances chimiques, promotion de la nature à travers des plantes sauvages, protection de la faune par l’installation d’hôtels à insectes, la création d’un point d’eau si possible, l’implantation d’une haie libre ou d’une prairie fleurie.
Vos différents points d’eau sont très fréquentés…
Effectivement, nous avons beaucoup d’animaux à demeure. Des bébés grenouilles, des tritons, des papillons, des libellules… et des crapauds qui vivent dans les parterres. Je les observe le soir. Dès qu’il fait humide, ils traversent la pelouse ; ce sont des auxiliaires précieux qui aiment bien se mettre des limaces sous la dent.
À quoi servent les murets de pierres sèches ?
C’est un habitat privilégié pour bon nombre de petits animaux qui peuvent s’y installer et y nicher. On y trouve des insectes, des petits mammifères. Nous avons même accueilli une petite couleuvre. C’est avec ce même souci d’accueillir la faune que nous avons dans les haies des espèces sauvages comme l’aubépine, le sureau, les viornes, l’amélanchier. On laisse toutes les fructifications et les oiseaux s’en régalent.
La façade de votre maison donne directement sur la rue, mais vous avez réussi, là aussi, à faire un jardin…
À l’achat de la maison, nous avons planté des rosiers grimpants qui se sont beaucoup plu, car la façade est exposée plein sud. Dernièrement, j’ai ajouté des euphorbes, c’est parfait, le terrain est assez sec et elles se développent super bien. Enfin, nous avons installé des bassines en zinc et planté des rosiers récupérés dans des jardins détruits ou menacés de destruction.
Pour décorer votre jardin, vous courez les brocantes ?
Oui, à l’avant de la maison, sur les appuis de fenêtre, j’ai installé et planté de vivaces et de légumes de nombreux pots en grès bleu de La Roche-en-Ardenne. Ils ont tous été achetés dans des foires, sur des brocantes. Idem pour la grande majorité des objets présents dans le jardin, les bassines en zinc ou les miroirs, aux encadrements de fer forgé, accrochés sur l’abri de jardin et la grande palissade…
Quel est le coin de votre jardin dont vous ne pourriez vous passer ?
Celui des aromatiques ! J’ai créé un petit parterre surélevé, entouré de pierres qui réchauffent bien ces plantes pour la plupart méditerranéennes. J’y ai planté divers thyms, du romarin, de l’hysope, de la ciboule, une plante curry, de l’origan doré, du fenouil. Tout va à la cuisine. Les herbes aromatiques sont pleines de vitamines et de minéraux. Ça ne coûte quasi rien, on peut les cueillir et les utiliser de suite. Mon délice du petit déjeuner ? Du romarin frais sur ma confiture d’abricot !
Françoise ouvre son jardin sur demande (maximum cinq ou six personnes à la fois) pour donner quelques explications et profiter aussi des réflexions et des idées que ses visiteurs peuvent lui apporter. Vous pouvez la contacter via la page Facebook du Jardin des miroirs, sa page Facebook personnelle.