Maryse et Philippe Kuppens-Clabots jardinent en Hesbaye, en Belgique. Leur jardin de 1300 m2 déborde d’arbres, d’arbustes, de fleurs, d’innombrables rosiers… et de passions ! Reportage.
Hortus Focus : depuis quand jardinez-vous ?
Maryse Clabots : nous avons acheté la maison en 1979, mais, au départ, nous avons surtout fait un jardin potager. Les enfants avaient besoin de place pour courir, jouer. Quand elles ont quitté la maison, nous nous sommes lancés avec Philippe dans les transformations. En 1998, on a décidé de tout arracher, de repartir d’une page toute blanche, de créer un écrin de charme et de laurier.
Mais c’était beaucoup trop vert, vert, vert… Alors, nous avons commencé à faire des parterres et à planter des rosiers. Je ne m’y connaissais pratiquement pas. C’est André Ève qui m’a appris la différence entre les roses anciennes et modernes et m’a ouvert le monde des rosiers. Depuis entre les rosiers et moi, c’est une vraie passion ! Nous en avons environ 150 dans nos 1300 m2. Parfois, je vois des roses arriver… et je m’aperçois qu’il s’agit d’un rosier, mais que je l’avais oublié !
Qu’avez-vous planté pour accompagner vos rosiers ?
Je les ai accompagnés de beaucoup de vivaces, des géraniums vivaces, des delphiniums, des benoites (Geum), des heuchères… J’avais beaucoup de petits massifs avec un rosier, un arbre, un arbuste, le tout habillé de vivaces. Et puis, un jour, un jardinier m’a conseillé de relier mes petits espaces et les transformer en grands parterres. Et là, j’ai pu effectivement planter beaucoup d’autres choses et notamment des sujets plus grands comme un Cornus controversa ‘Variegata’ ou des noisetiers tortueux (Corylus avellana ‘Contorta’).
Tout en continuant à acheter des rosiers ?
Oui, oui, oui ! D’ailleurs, pour nos 40 ans de mariage, nous nous sommes offert une gloriette. J’en rêvais depuis longtemps. Et sur cette gloriette, nous avons planté des rosiers grimpants, repensé les massifs alentour en plantant d’autres rosiers, ce qui a apporté vraiment beaucoup de charme, du romantisme à notre jardin.
Avez-vous l’esprit de collectionneur ?
En ce qui concerne les rosiers, oui ! C’est oui aussi pour les asters. Nous en avons planté quelques-uns, ils se sont plu ici et nous en avons planté beaucoup, de toutes les couleurs existantes. Ils apportent une telle gaieté dans l’automne et accompagnent tellement bien les dahlias que nous avons aussi plantés en ombre. J’ai besoin de toutes ces couleurs, de parfums aussi, à longueur d’année.
Quels asters avez-vous plantés ?
Tous ceux qui ne sont pas envahissants. J’ai planté une variété, si je l’avais laissé, je n’aurais plus qu’elle dans mon jardin. Le seul pour lequel je fais exception c’est ‘Vasterival’ qui a tendance à se montrer envahissant, mais je l’aime trop alors je lui ai trouvé une place et je le surveille.
Quelles sont les caractéristiques de votre région ?
La Hesbaye est incontestablement la meilleure région belge pour jardiner et cultiver. La terre est bonne. Le climat est tempéré, mais on a connu des hivers très froids, avec plusieurs jours à – 20°C, au terme desquels on a perdu beaucoup de végétaux. Donc, les plantes trop frileuses, les méditerranéennes, ne sont pas pour nous. J’adore les lauriers-roses, mais il faut les cultiver ici en pot. L’hiver, il faudrait tout rentrer et, en vieillissant, on a de moins en moins envie de trimballer des pots !
Quels arbres avez-vous plantés ?
Nous avons une belle collection de Cornus, des viornes, des weigelias, des callicarpes, des magnolias, plusieurs sureaux… Nous avions un gros noyé, mais nous avons dû le supprimer. Nous avons peu d’érables car notre terre ne leur convient pas. Sur ce terrain ont longtemps été cultivées des pommes de terre qui laissent une bactérie capable de survivre pendant au minimum un siècle. Et cette bactérie s’attaque aux érables qui ne résistent pas longtemps.
On voit beaucoup de décos dans votre jardin ? D’où viennent les objets, les poteries ?
On chine, on achète un peu, on craque parfois. Les petites poteries qui représentent des femmes sont les miennes. L’hiver, comme je ne peux pas être toute la journée dans le jardin, je m’ennuie un peu. Alors j’ai décidé de me lancer dans la poterie, la céramique en utilisant la terre de notre région. Je fais des grès, des petites statues de bonnes femmes, bien en chair… Elles me ressemblent un peu !
J’ai installé aussi des ardoises dans le jardin. Les visiteurs peuvent y lire des dictons, des maximes, des citations. Ça peut donner à réfléchir.
Comment dessinez-vous vos massifs ?
J’avais envie d’un jardin en courbes, de petits chemins. Je ne sais plus qui m’avait conseillé de les tracer avec des tuyaux d’arrosage, mais j’ai trouvé cela trop compliqué. Donc, je dessine les contours avec de la farine. Pour faire un rond parfait, rien de très compliqué : je mets un piquet à l’endroit précis du centre du futur massif. J’y accroche une corde. Au bout de la corde, un paquet de farine et hop, je dessine un rond parfait. La forme finale ne vous plait pas ? Vous effacez au pied et vous recommencez !
Avez-vous connu des déceptions dans votre jardin ?
Je n’ai jamais eu de déception dans le jardin. Quand je plante un végétal, j’y mets à la fois tout mon amour et tout mon savoir ! Je fais toujours un bon trou de plantation, j’apporte du compost, du sang séché ou de la corne broyée, je nourris l’emplacement avant d’installer la plante. Je soigne la plantation pour ne plus trop avoir à m’en occuper après. Alors, oui, des fois, les plantes ne se plaisent pas, mais ça doit être de ma faute, j’ai mal choisi leur endroit, alors je les déplace et j’attends. Je ne jette jamais une plante, jamais ! En revanche, il arrive à mes plantes de jouer aux chaises musicales à chaque évolution du jardin.
Avez-vous des plantes préférées, des chouchoutes ?
Question difficile, mais il est vrai que si j’aime toutes les plantes, certaines sortent un peu du lot. J’ai deux rosiers préférés : ‘Jardin de Granville’, un rosier André Ève et ‘Marietta Silva Tarouca’ qui caracole sur la gloriette. Ces deux rosiers-là, je les recommande à tous les jardiniers. J’aime aussi les heuchères, toutes les heuchères. Et puis la clématite ‘Vyvyan Pennell’ pour ses belles fleurs mauves. Il lui arrive d’être un peu malade quand le début de l’année est très pluvieux. Quand cela se passe, je la taille sévèrement et elle repart de plus belle en fleurissant jusqu’en octobre.
Le potager a-t-il encore sa place ?
Oui et c’est le domaine réservé de Philippe. Alors, c’est vrai, au fil des ans, le potager s’est fait plus petit pour laisser de la place aux massifs, mais il est toujours là, fait une centaine de mètres carrés et nous permet d’être autonomes en légumes et herbes. Dans le potager, Philippe fait aussi pousser des fleurs, notamment des œillets d’Inde. Je n’aime pas trop la couleur orange, mais il a su me convaincre que c’était important d’en mettre pour protéger certaines cultures. Il cultive aussi beaucoup de plantes aromatiques qui servent de répulsif à certains ravageurs.