Rédigé sur ordre de Charlemagne, le Capitulare De Villis vel curtis imperii (ou imperialibus) ou Capitulaire De Villis est un acte royal dont les 120 chapitres répertorient les décisions prises par le souverain. Trois chapitres répertorient une centaine de plantes dont la culture est ordonnée dans les jardins du domaine royal.
Qui a écrit le Capitulare et quand ?
On se doute bien que Charlemagne n’a pas écrit les 120 articles. Il a évidemment fait appel à un scribe ! Il pourrait s’agir de Alcuin, savant et théologien anglais, conseiller de Charlemagne et professeur de ses fils. Les deux hommes se rencontrent en 781 à Parme. Alcuin accepte alors de rejoindre les rangs des savants réunis par le roi à Aix-la-Chapelle.
Alcuin a pu puiser dans une abondante littérature. Les ouvrages recopiés par les moines dans leurs scriptoriums regroupent les enseignements de médecins de l’Antiquité. Histoire naturelle de Pline l’Ancien, publiée vers 77 après J.-C., De Materia Medica, le traité de pharmacologie de Dioscoride, De Re Rustica, traité sur l’agriculture de Palladius etc., sont méticuleusement recopiés au fil des siècles et notamment au Monastère de Vivarium, en Calabre. À la mort de Cassiodore (aux environs de 585), fondateur du monastère, tous les ouvrages recopiés au monastère sont transférés au palais des Papes au Latran.
Les voyages du savoir
Au fur et à mesure des décennies, les manuscrits voyagent vers des abbayes et viennent grossir les bibliothèques. C’est dans ces ouvrages qu’Alcuin trouve la matière des chapitres 43, 62 et 70 du Capitulare De villis. Alcuin livre une belle compilation de végétaux à planter pour leurs vertus culinaires, condimentaires ou médicinales.
Les chapitres du Capitulaire étant très divers, Alcuin ne peut être l’auteur des chapitres sur la boucherie, la chasse, les tissus. Il s’agit donc plutôt d’une œuvre collective, pilotée par Alcuin. Il n’existe plus qu’un seul exemplaire originaire du Capitulare, conservé à la Bibliothèque de Wolfenbüttel, en Allemagne.
Les plantes du Capitulaire De Villis
Le jardin des simples (Herbularius) : menthe, menthe-coq, cumin, rue, fenouil, sauge, rose, lis, iris, menthe pouliot, fenugrec, romarin, sarriette, livèche, mongette, barbarée, aurone, guimauve, amni élevé, anis vert, carvi, estragon, dictame de Crète, épurge, cataire…
Le potager (Hortus) : oignons, ail, poireaux, ciboule, échalotes, ache ou céleri, persil, coriandre, cerfeuil, aneth, laitue, pavot, radis noir ou raifort, panais, choux, blettes, nigelle, pois chiche, arroche, amaranthe, ciboulette, cardon, carotte, coloquinte, grande balsamite, concombre, gourde, roquette, fève, chicorées, lin cultivé, cresson, macaron, melon…
Le verger (Viridarium) et le cimetière : pommier, poirier, prunier, cormier, gui, laurier, châtaigner, figuier, cognassier, pêcher, noisetier, amandier, mûrier, noyer, cerisier, pin, néflier…
Bibliographie : Le capitulaire De villis et le développement des jardins médicinaux sous Charlemagne, de Jean Barbaud.